Les armures sont passées par toutes sortes d'améliorations et de simplifications leur permettant de conférer une protection efficace à leur porteur tout en restant extrêmement fonctionnelles.
Du fait de leur coût important, il est rare que les pièces d'une armure soit toutes faites en même temps.
Partie de l'armure
Un set d'armure complet est appelé
tosei gusoku (littéralement
armure moderne). Les pièces la composant sont décrites de haut en bas :
Jingasa
Les
jingasa sont portés dans un campement ou sur la route par les
bushi de classe supérieure. A la bataille, le
jingasa est le casque utilisé par les
ashigaru. La plupart des
jingasa ont une forme de cône affaissé et sont en général peint en noir et portent le
mon du
daimyo. Les
jingasa des officiers portent souvent d'autres symboles et signes distinctifs.
Les
ashigaru utilisent fréquemment leur
jingasa pour cuire du riz ou nourrir les chevaux.
Kabuto
Le heaume porté par les
samurai s'appelle un
kabuto. Sa forme typique est celle d'une bombe avec une visière et une protection de nuque constituée de plusieurs lamelles métalliques. Le
kabuto est constitué de 3 à 120 plaques métalliques se recouvrant les unes les autres. En fait, il existe des
kabuto à 3, 8, 16, 32, 64, 72 et 120 plaques. Les heaumes à 64, 72 et 120 plaques sont extrêmement chers et ne sont utilisés que par les
daimyo ou les
samurai très riches. Par ailleurs, ces
kabuto ne protègent pas mieux (voire même moins bien) que ceux à 3 plaques.
Les
kabuto à trois plaques sont les plus courants car ils sont les plus aisés à fabriquer. Ils sont fréquemment renforcés pour résister aux balles. Quand ils sont portés par des
bushi de statut supérieurs, les
kabuto à trois plaques sont souvent décorés avec des sculptures élaborées en papier-mâché afin de camoufler ses origines modestes.
Le
shikoro (protection de nuque) est constitué de trois à cinq lamelles de métal ou de cuir laqué, attachées entre elles par des liens de soie.
Les heaumes portent habituellement un signe distinctif. Il s'agit le plus souvent d'un
mon peint ou gravé sur un disque métallique mais il peut aussi s'agir de bois de cerfs.
Il existe différentes formes de
kabuto :
Eboshi-nari kabuto
Un
kabuto conçu pour ressembler à un bonnet de cour. Il peut être étrangement petit ou au contraire complètement disproportionné.
Hineno kabuto
Un heaume à trois plaques conçu pour adopter la forme de la tête.
Hoshi kabuto
Un heaume multi-plaques avec des rivets.
Ichi-no-Tani kabuto
Un heaume agrémenté d'un panneau métallique incurvé.
Kawari kabuto
Une catégorie quasiment infinie de heaumes dotés d'un design élaboré ou grotesque. Ils sont en général construit sur la base d'un
hineno kabuto et prennent la forme de monstres marins, de fortunes, etc.
Momo-nari kabuto
Un
kabuto en forme de pèche. Une des bizarreries les plus courantes.
Suji kabuto
Un
kabuto à lamelles.
Do
Le torse est protégé par une cuirasse nommée
do. Toutes les armures, à l'exception des moins chères, protègent à la fois le ventre et le dos du porteur.
Les
do se divisent en trois catégories : en coquille (deux plaques), 5 plaques et en écailles.
Les deux premières catégories sont très solides malgré le fait qu'elles doivent comporter des charnières. Les armures en écailles sont constituées de multiples plaques métalliques et s'ouvrent soit dans le dos, soit sous le bras droit.
Les protections d'épaules sont attachées à la cuirrasse par deux "noeuds chinois". Les côtés de l'armure sont serrés par une cordelette passant sur l'avant de l'armure et deux cordelettes dans le dos.
Fixé à l'armure au niveau de la taille on trouve le
kusazuri (flancart) qui est constitué traditionnellement de quatre ou cinq plaques de métal liées entre elles (mais il existe également des armures avec 7 ou 11 plaques de métal).
Récemment, une modification est apparue concernant les
kusazuri : ces derniers ne sont plus attachés directement à l'armure mais à une ceinture.
Cette dernière peut-être retirée facilement, permettant ainsi de franchir des gués sans mouiller l'armure. Grâce à cette modification, les armures les plus récentes peuvent également être rangées dans un plus petit espace. Cette modification est encore très récente et on estime à 5% le nombre de
do doté d'un
kusazuri amovible.
De nombreux
do ont dans le dos un système permettant d'y fixer un
sashimono (bannière dorsale). Les armures des hommes du rang ont toutes cette fixation dans le dos et portent le
mon du clan peint sur le torse.
Les principaux types de
do sont les suivants :
Dangae do
Le
dangae do est un style qui n'en est pas vraiment un. Les armures
dangae do se caractérisent par la combinaison de styles différents. Par exemple le corps principal de l'armure peut être un
okegawa do mais les lamelles métalliques formant le bas de la cuirasse peuvent être lacées alors qu'elles sont habituellement rivetées. Un tel mélange de styles est une chose assez commune.
Do maru
Les cuirasse d'écailles dépourvue de gonds et s'ouvrant sous le bras droit sont appelées
do maru. Elles sont faciles à enfiler et peu encombrantes.
Hara ate
Une cuirasse constituée d'un simple plastron (pas de protection dans le dos).
Haramaki do
Les
haramaki do sont très proches des
do maru sauf qu'elles s'ouvrent dans le dos et non sur le côté. Tout comme les
do maru, elles sont les armures typiques des
bushi de bas rang.
Hatomune do
Littéralement "armure en poitrine de pigeon", la conception de cette armure a été influencée par certaines armures
gaijin.
Hotoke do
Littéralement
armure de bouddha, cette cuirasse doit son nom à son aspect lisse, comme les ventres des statues de bouddha. Elles sont généralement en "coquille" mais il en existe certaines en "5 plaques".
Maru do
Maru do est un terme utilisé pour désigner une armure
Tosei Gusoku fabriquée selon le style
Do maru.
Mogami do
Le
mogami do est une cuirasse à cinq plaques avec une structure lacée.
Nanban do
Une cuirasse d'origine
gaijin modifiée afin de correspondre au goût des habitants de l'Empire.
Nio do
Une cuirasse travaillée pour ressembler au torse décharné d'un homme affamé.
Nuinobe do
Les
nuinobe do sont des cuirasses de conception
iyo zane (ou fait pour ressembler au style
iyo zane). Le terme signifie approximativement "cousu lâche" et fait référence au laçage donnant les rangées caractéristiques de l'
iyo zane. C'est un type d'armure vraiment très élégant. En général ces types d'armures sont faites sur une base de cuirasse en coquille.
Okegawa do
L'
okegawa do est une cuirasse constituée de plaques rivetées. Il s'agit d'une armure courante chez les
bushi de bas rang.
Tatami do
Tatami signifie "pliable". Ces armures sont constituées de petites plaques métalliques (de la taille d'une carte de visite) de formes rectangulaires ou hexagonales. Les plaques sont reliées entre elles par des mailles.
Yukinoshita do
Le
yukinoshita do est la seule cuirasse nommée d'après son créateur, Yukinoshita Denshichiro Hisaie. C'est une cuirasse à 5 plaques d'un design assez simple et élégant.
Sode
kohire
Les protections couvrant les épaules et les bras sont appelées
sode. Les
sode sont les seules pièces d'armure qui sont systématiquement faites après la cuirasse (
do). Les
sode s'attachent aux épaules par des "noeuds chinois". Afin d'avoir une plus grande liberté de mouvement au combat, de nombreux
samurai préfèrent porter à la place des
kohire (littéralement "petite aile"), des pièces d'armure qui protègent l'épaule contre les coups de haut en bas. Les officiers portant un
jinbaori (veste de
samurai) ne portent en général pas de
sode.
Il y a quatre types de
sode :
Hiro sode
Des
sode plus larges à leur base qu'à leur sommet.
O sode
De grands
sode de style ancien faisant approximativement un
shaku carré de surface.
Tosei sode
Récemment, certains armuriers ont fait des
sode plus petits et moins encombrant qui sont appelés
tosei sode (littéralement
sode modernes). Ces derniers étant souvent associé à des cuirasses de type
mogami do, ils sont également appelé
mogami sode. Ils sont en général constitués de 5 lames métalliques reliées entre elles par des lacets.
Tsubo sode
Les
tsubo sode sont une amélioration du
tosei sode. De construction similaire, les
tsubo sode sont incurvés et épousent ainsi la forme des bras du porteur.
Kote
Les
kote sont les protections d'avant-bras utilisées par les
bushi. S'il existe de nombreux designs différents, les
kote sont tous constitués de lamelles de métal et possèdent tous une partie métallique protégeant le dos de la main. De la cotte de mailles vient combler les interstices entre les pièces de métal.
Des variations existent et comprennent des
kote fait entièrement de mailles avec quelques plaques de métal, des
kote constitués pièces métalliques rivetées sur du tissu épais (
ubugote). Une autre variation consiste à la liaison permanente entre le
sode et le
kote (
Bishamon-gote).
Des lacets de soie permettent d'ajuster les
kote au niveau des poignets et une série de noeuds fixent les
kote au
do.
Il existe aussi des "demi-
kote" (
hangote) qui protègent les avant-bras et les coudes.
Une version plus onéreuse des
kote est le
tominaga-gote. Les
kote sont alors attachés à une demie-veste. Ces
kote sont plus facile à enfiler et à porter mais plus complexes à fabriquer et moins confortables. Ils ne sont pas très populaires.
Les formes typiques de
kote sont :
Bishamon-gote
Les
bishamon-gote sont des
kote reliés directement aux
sode Kusari-gote
Un
kote uniquement constitué de mailles. Les
shinobi utilisent une version camouflée de cette armure.
Oda-gote
Les
oda-gote sont des
kote en mailles sur lesquels sont fixés de petites plaques métalliques éparses. Cette forme de
kote est également appelée
kaga-gote.
Shino-gote
Un
kote constitué de série de lamelles métalliques.
Tominaga-gote
Les
tominaga-gote sont des
kote fixés à une demie-veste que l'on porte sous l'armure.
Ubu-gote
Des
kote fait sur une base de tissu épais.
Haidate
Le bas-ventre et les cuisses sont protégés par une sorte de tablier en métal nommé
haidate. Cette pièce d'armure protège efficacement les
bushi montés mais est souvent retirée par les troupes de fantassins car elle a tendance à gêner son porteur.
Les
haidate sont constitués soit d'écailles métalliques, soit de plaques cousues sur une armure matelassées. Les interstices sont protégés par de la mailles.
Suneate
Les
suneate (jambières) complètent l'armure du
bushi. Les
suneate sont essentiels aux
bushi montés, dont les tibias seraient sinon exposés aux attaques des fantassins. Cependant même les
bushi à pieds portent cette pièce d'armure. Les
suneate sont généralement fabriqués en même temps que les
kote de l'armure, les éclisses métalliques étant forgées en même temps. Ces pièces sont fixées sur du tissu épais.
Divers
Pieds
Kegutsu
Waraji
Certains
samurai portent une sorte de chaussure métallique nommée
tetsutabi. Comme les
tabi, les
tetsutabi séparent le gros orteil des autres doigts de pieds. Les
tetsutabi ne sont pas confortables et peuvent rendre la marche difficile. Ils sont donc plutôt utilisés par les cavaliers. Quand on porte des
tetsutabi, on doit également porter des
waraji (sandales de paille) afin de ne pas abîmer leur fond qui est en toile. Les
waraji sont bien sûr ôtés avant de rentrer dans une maison. Les
shinobi utilisent occasionnellement de telles pièces d'armure.
Les généraux peuvent porter des
kegutsu, des chausses faites en peau d'ours. Les
kegutsu ne confèrent aucune protection mais sont utilisés en tant que symbole de rang, seuls les généraux ayant le droit de porter de telles chausses.
Le gros des
bushi portent des
waraji classiques.
Cou et gorge
Nodowa
Il existe deux sortes de gorgerins. La première forme est le
nodowa (littéralement "anneau de gorge"). Il s'agit d'une protection couvrant la gorge et le haut du torse. L'autre forme, nommée
eriwa, est plus grande et protège à la fois la gorge et la nuque. Cette dernière forme de protection doit être enfilée avant l'armure car elle se porte en dessous.
Visage
Somen
Menpo
Les fabricants d'armure vendent souvent des masques assortis aux
kabuto qu'ils fabriquent. Bien que certains
bushi apprécient les masques car ces derniers empêchent la corde du
kabuto d'irriter le cou, la plupart des
samurai ne les utilisent pas car le masque tiens chaud et empêche de bien respirer. Le masque complet (
somen) est donc tombé en désuétude. On lui préfère donc le
menpo qui couvre le nez, le menton et les joues. Une version plus petite, nommée
hanbo ou
hoate, existe. Le
hanbo laisse le nez à découvert. De nombreux
menpo ont une protection nasale amovible, permettant de les transformer en
hanbo. Les masques sont décorés de sorte à représenter des visages féroces et grimaçants.
Hanburi
Hachigane
Les protections de tête les moins chères sont le
hanburi et le
hachigane. Le
hanburi est un simple casque en forme de bol qui est porté sur le front et qui est maintenu en place à l'aide d'une lanière de tissu.
Le
hachigane est la forme de protection la moins chère. Elle consiste en une série de petites plaques de métal cousues sur une pièce de tissu.
Conception
L'armure est faite d'acier ou de cuir qui ont été lacqué afin de les protéger de l'humidité. Même les cottes de mailles sont lacquées. La plupart des armures sont faites avec de la laque noire (brillante ou mate) mais le rouge foncé, le brun-roux et le le rouge vif sont également des couleurs très communes. Certaines armures, particulièrement ostentatoires, sont décorées de feuilles d'or qui sont appliquées sur la laque.
Les parties fixes de l'armure (le
do par exemple) sont rivetées alors que les parties mobiles sont lacées ensembles. Ce laçage peut être épar, comme c'est le cas de la plupart des armures de bataille, ou au contraire très dense dans le cas des armures d'apparat. Le laçage dense requérant que les plaques métalliques constituant l'armure soient percées de douzaines de trous, il affaiblit la solidité de l'armure mais lui donne un aspect impressionnant.
L'armure est fermée par une série de noeuds chinois. Il faut approximativement 20 minutes à une personne seule pour enfiler une armure.
Décoration et motifs
Le laçage d'une armure (
odoshi) se fait avec des lacets de soie d'une grande variété de couleurs. La couleur la moins chère (et donc la plus commune) est le bleu foncé. Cette teinte est donc utilisée pour les
samurai de rangs inférieurs et les
ashigaru. Les autres couleurs existantes sont le orange, le rouge, le blanc, le vert clair, le vert foncé, etc.
Certaines personnes croient que la couleur des lacets peut avoir certaines signification, en fonction de la symbolique des couleurs. Le blanc signifierait alors une mort attendue, le rouge la colère, etc. Mais cela est faux. Peu de personnes peuvent en effet posséder 5 ou 6 armures différentes, le laçage étant impossible à ôter une fois l'armure fabriquée.
Le
mon du propriétaire, ou de son maître, peut figurer sur différentes parties de l'armure. De grands rivets ornementés peuvent porter les armoiries, de même que des plaques métalliques décoratives peuvent être fixées à différents endroits de l'armure. Les localisations les plus communes sont le dos des mains, les ailettes du
kabuto, l'ornement central du
kabuto (
maedate) et l'avant de la cuirasse. Il est extrêmement fréquent que le
mon du propriétaire soit peint sur le devant du
do.
Enfiler une armure